Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnets de voyages d'une parisienne matérialiste.
23 mars 2012

Oui, mais...

J'ai lu un jour que le langage, notre langue maternelle, construisait notre manière de penser. Nous donne une sorte de schéma sur lequel notre pensée va se construire.

Une langue est donc le reflet des idées de la culture qui l'a porte.

En discutant avec mon amie Mariko (qui a vécue 3 ans en France et qui parle français), j'ai pris conscience que nous commencions régulièrement nos phrases par le mot "mais".

"Mais t'es sûr de ça ?"

"Mais tu vois..."

"Mais c'est comme ça."

"Mais c'est pas graaave !"

...

Sans pour autant que ce mot soit indispensable. On peut dire exactement la même chose, tout en enlevant ce "mais".

C'est comme si nous étions toujours en lutte contre quelque chose...

En comparaison, au Japon, c'est impoli de répondre uniquement par un simple "non". Ce serait comme répondre par "merde".

Ils utilisent alors tout un tas de périphrases comme "je n'en ai pas besoin", "j'ai des choses à faire", etc. Des formules toutes faites et faciles à dire qui évitent les conflits.

Pour en revenir à notre petit "mais" français, en reprenant cette théorie de départ selon laquelle le langage construit notre manière de penser, cela m'amène à cette réflexion : nous, français, semblons  régulièrement être être en lutte, comme si nous avions toujours quelque chose à combattre ou à prouver face à notre interlocuteur.

Mon amie Mariko me dit alors qu'au Japon, c'est le problème inverse. Les japonais disent toujours "oui" à tout, personne ne se rebelle.

Alors si la rebelle attitude à la française peut paraître plus sexy que le béni-oui-oui à la japonaise, il y a quand même beaucoup de choses sur lesquelle nous aurions largement de quoi nous inspirer.

Un exemple concret, celui des grèves. Et attention : on va parler politique = de quoi fâcher plus d'un français !

Pour la petite histoire, j'ai d'ailleurs tenté d'expliquer à l'une de mes petites collègues japonaises ce concept de grève. C'était dur. Je ne suis pas sûre qu'elle est compris.

Aujourd'hui, dans notre pays, il y a toujours et de manière systématique, un groupe de personnes pour venir contrer les décisions politiques à coup de grèves. Peu importe qui est au pouvoir. Je mettrais ma main à couper que si c'était la Sego aujourd'hui à la place du Sarko, il y aurait toujours autant de gens pour crier leur mécontentement.

Certes une socièté aura toujours besoin d'une opposition au pouvoir en place, néanmoins...

Là où la situation devient absurde : par définition, la révolution (comme aiment dire les grévistes) appelle au changement. Or cette manière systématique de lancer la danse traditionnelle des grèves à chaque décision politique bloque toute réelle avancée. Ce n'est que compromis sur compromis, sans réel changement. Si l'on ne peut tenter d'avancer une bonne fois pour toute, dans un sens ou dans un autre, on ne fait que stagner = pas de changement = 0 révolution. C'est le serpent qui se mort la queue. Un pays qui s'éfouffe, bloqué dans un marasme de petits, tous petits compromis. Une réelle révolution, en France, aujourd'hui, serait d'arrêter de vouloir faire la révolution ! Et d'essayer d'avancer avec ce qu'on a.

Si les pays asiatiques évoluent si vite aujourd'hui, c'est que le peuple n'a pas d'autres choix que d'avancer tous ensemble derrière une seule personne.

Certes, je ne souhaites pas à la France un dictateur chinois à la tête du gouvernement. Juste s'inspirer un peu plus des modèles asiatiques comme eux l'ont fait bien avant nous.

J'ai lu dans un article du magazine Sciences Humaines que, notamment les japonais, ont depuis longtemps traduits les textes de nos penseurs (philosophes, économistes, etc.) occidentaux et se sont inspirés de leurs idées. Ils ont donc bien plus intégré notre culture, que nous la leur. Ils se sont donc enrichis de nos idées sans pourtant perdre leur identité. C'est certainement l'une des raisons pour laquelle aujourd'hui, les pays asiatiques semblent avoir une longueur d'avance sur nous. Il existe peu de traductions d'ouvrages de philosophie ou d'économie moderne asiatique, que ce soit chinoise, japonaise ou coréenne.

Une autre expression française qui m'a, du coup, récemment frappée, c'est celle-ci : dans la vie, quand on a des problèmes, on va dire "je vais me battre pour m'en sortir !" Se battre ? Contre qui ? Ou quoi ? En japonais, on dira plus simplement "je vais faire des efforts !". L'idée que cela traduit, c'est que les français semblent toujours vouloir reprocher à des facteurs extérieurs ce qui ne va pas (leur patron, leur femme, la société...) plutôt que de chercher des solutions.

Je continue, j'enfonce le clou : en français nous avons : "j'en ai marre [...] ça me fatigue [...] j'en ai par dessus la tête [...] ras le bol [...]c'est bon ! [...] fais chier, etc."

Je suis certes, encore loin d'être parfaitement érudite en japonais, néanmoins je ne connais qu'une seule expression pour traduire ou exprimer cette même idée que l'on s'amuse chez nous à décliner à l'infini.

Il est clair qu'au Japon, on exprime peu ses sentiments et on ne fait pas le déballage de ce qui ne va pas.

Cela a également ses défauts. D'ailleurs il est drôle de constater que 90% des intrigues de dramas japonais (séries télévisées) se construisent sur ce que les personnages n'osent pas se dire. Souvent des sentiments inavoués qui entrainent toutes sortes de péripéties et de quiproquos. Des scénarios construits sur des silences.

Alors si les japonais parlent peu de leurs sentiments, surtout s'ils sont négatifs, il est quand même bon de constater que du coup, tout le monde y met du sien pour être enjoué et que l'ambiance soit bonne, entre amis, comme au travail. Même ceux qui ont leurs petits problèmes personnels, comme tout un chacun, font en sorte d'y mettre du leur dès qu'ils se retrouvent en société. Et c'est l'effet boule de neige. La bonne humeur de l'un entraîne la bonne humeur de l'autre.

Dans les moments de sa vie où l'on a un peu le blues si l'on est obligé pour une raison ou pour une autre de se forcer à être de bonne humeur, ben parfois ça marche ! Et ça retourne la situation !

Ok, on a tous nos problèmes, mais c'est pas une raison pour faire la gueule ! Il est sûr que si l'on ne va pas bien et que l'on reste à patauger dans ses idées noires, on s'enlise...

Bref, si je peux transmettre une seule idée de la pensée japonaise ce serait : arrêtons de nous plaindre et faisons de notre mieux !

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Oui, mais....:)
D
Bien Floflo, tout cela ça me rappelle Auguste Comte, philosophe né à Montpellier en 1798(pure coincidance avec la révolution)fondateur de l'école positiviste.<br /> <br /> gros bisous
C
Merci Nora !! Ca fait plaisir ! Je pense à toi : je vais bientôt me faire un petit weekend dans ton pays préféré... ;)Bisous!
N
j'ai bcp aimé!!<br /> <br /> <br /> <br /> c'et tjrs aussi plaisant de te lire!!<br /> <br /> <br /> <br /> bisssssssssou
Publicité