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Carnets de voyages d'une parisienne matérialiste.
13 septembre 2011

Papoter, c'est mon métier (O.o)y

Lors de mon entretien d'embauche, le patron avait demandé ce que je pouvais faire "en plus", pour que le client soit content. J'avais eu la bonne idée (la seule qui m'était venue à l'esprit en fait) de répondre que je pouvais "discuter" avec lui. Avec le recul, je me dis que c'est peut-être même ça qui a fait pencher la balance de mon côté.

En effet, au Japon, pas la peine d'insister sur le fait que l'on est motivé ou que l'on fait bien son travail, dans la mesure ou cela va de soit. C'est la base et non ce que l'on peut apporter en plus.

En France, une des choses qui va vraiment me manquer, c'est ce sens du service. La mannière dont tout le monde s'applique à faire son travail du mieux qu'il peut.

Un exemple : la dernière fois que je suis allée boire un verre, je n'avais pas de cigarette (oui, j'ai repris, bon c'est pas de ça qu'on parle, hein ...), j'ai donc demandé au serveur de m'indiquer le point de vente le plus proche. Le plus serviable des français aurait peut-être été jusqu'à me dessiner le plan...et bien, là le serveur m'a simplement proposé d'aller me les acheter pour moi.

Bien-sûr, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles ce genre de service est possible au Japon et pas en France.

La première réside dans une confiance mutuelle entre les supérieurs et les employés. Mon gentil petit serveur, par exemple, n'a pas eu besoin de demander à son patron s'il pouvait aller m'acheter des cigarettes. Puisque l'on admet dès le départ, que tout le monde fera son travail du mieux qu'il le peut, sans égoïsme, c'est à dire sans profiter de la situation, cela engendre une confiance mutuelle qui permet ce genre de chose. Imaginons que mon petit serveur soit français, dans la même situation, il y aurait 50% de chance, qu'il en profite soit pour traîner un peu, soit passer un appel téléphonique, etc.

Puisque l'employé fera son travail du mieux qu'il le peut, le superieur ne se sent pas obligé de le surveiller constament, ce qui évite le "flicage mesquin".

La deuxième raison : on peut faire son travail correctement parce qu'on nous donne les moyens de le faire. Par exemple, chez Man on the Moon, on est très nombreux derrière le comptoir. Donc il y a toujours quelqu'un pour s'occuper du client quand il en a besoin.

Bien-sûr, cela n'est possible, que dans la mesure où le Japon repose sur un système libéral. Chez Man on the Moon, je n'ai pas de contrat et nous sommes une bonne dizaine dans la même situation. Je suis payée environ 800 yen de l'heure (c'est à peu près égal au SMIC). En France, j'aurais donc à peu près le même salaire pour le même nombre d'heures. En revanche, pour l'entreprise, je couterai beaucoup plus chère, car contrat, car charges sociales, etc. C'est ce qui permet de pouvoir embaucher beaucoup de monde.

De plus les employeurs peuvent se permettre le risque d'engager quelqu'un, comme moi par exemple, qui parle peu japonais, et puis faut le dire : qui n'est tout simplement pas japonaise. Ce sera beaucoup plus facile de me virer par la suite si je ne suis pas compétente. Donc, forcément on s'applique ! En France, encore une fois, cela coûte cher à l'entreprise de licencier quelqu'un. Moi qui suis la pro des petits boulots en tout genre, le nombre de fois où je me suis retrouvée à travailler avec des personnes qui mettaient tant de mauvaise volonté et d'incompétence à faire leur job, et pourtant, personne ne s'étonnait de voir qu'elle gardait naturellement leur poste.

Au Japon, ou tu fais fais correctement ton travail, ou t'es viré, c'est simple.

On pourrait croire que cette manière de faire engendre du stress. Je crois que c'est le contraire (bien-sûr, je parle à mon niveau, c'est à dire, petit boulot, travail sans grande responsabilité, etc.), car si tout le monde s'applique à bien faire, alors tout se déroule simplement, naturellement, sans que personne ne s'ennerve pour des broutilles.

De plus cela ne veut pas dire que l'on n'a pas le droit à l'erreur (je sais de quoi je parle...), cela veut tout simplement dire que nos supérieurs attendent de nous, que l'on fasse du mieux que l'on peut.

Bon rééquilibrons les choses : je ne fais pas l'apologie du libéralisme et je sais les abus qu'un tel système peut engendrer, j'essais simplement de comprendre pourquoi les japonais font leur travail avec plaisir, ce qui est plus rare en France, notamment dans les petits boulots.

Revenons-en à ma gueulle : discuter avec les clients, le petit plus que l'on attend !

Au Japon, c'est dans la tradition de faire en sorte que le client s'amuse.

Au temps des Geisha, par exemple. Loin d'être des prostituées, leur travail consistait en fait à tenir compagnie aux clients, à faire en sorte qu'ils passent un bon moment. C'est à dire : chanter, danser, jouer du shamishen (instrument de musique) et discuter ! Autant d'arts qu'elles mettaient des années à pratiquer avant de devenir de vraies pro.

Aujourd'hui, c'est moins élaborés, mais il y a toujours des bars à hôtes ou à hôtesses. On peut y dîner ou boire un verre et, plutôt que de rester seul, demander à ce que de beaux jeunes hommes ou belles jeunes filles nous tiennent compagnie. J'ai encore jamais testé, ça coûte trop cher.

Donc sans être un bar à hôtes, on attend quand même de moi que je papote avec les clients. Bien sûr, il ne s'agit pas d'aller s'incruster dans les conversations, donc pas la peine de viser les groupes, mais plutôt les personnes qui rentrent seule. Et comme Man on the Moon est un Irish Pub, il y a pas mal de touristes. Et bien-sûr, c'est bibi qui est chargé de faire la causette aux étrangers. J'adore être payée à papoter avec un vieil écossais, un gros australien et un néo-zélandais qui essayait de me parler en japonais mais que j'ai rien compris.

Pour l'instant je ne travaille que 2 jours par semaine, ce qui n'est vraiment pas beaucoup. J'aimerais bien faire plus d'heures mais comme tous mes collègues en fait... Donc, ici, on se bat pour travailler plus... (attention, je rééquilibre : je ne fais pas l'apologie de Sarkozy ;)

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Commentaires
M
..profite ma bichette!! Et raconte et ramène-nous plein de rencontres et d'anecdotes du bout du monde!!<br /> C'est vrai que ce doit être un peu "chiant-chiant" de ne bosser que 2 jours; y a moyen de trouver un autre job ailleurs? Tu varierais les collègues, les endroits, ce serait un peu trop bien?! Tu nous raconteras. <br /> Je t'envoie de gros becs matinaux d'un Paris un chouillat ensoleillé. A très bientôt FLO <3 :-) ;-) :-) :-) :-) <3
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