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Carnets de voyages d'une parisienne matérialiste.
2 novembre 2011

Être une étrangère.

En France on est tous, un jour ou l'autre confronté à cette question : ça fait quoi d'être un(e) étranger(ère) ?

Depuis que je suis au Japon, c'est quelque chose qui me saute aux yeux nous avons tous, de près ou de loin, un petit bout d'ailleurs. Si ce n'est pas dans le sang, c'est à côté de nous : nos voisins, nos amis, etc.

J'ai parfois été gênée d'aborder ces questions, parce que moi-même je n'avais jamais ressentie ce que ça fait d'être considérée comme une étrangère (et pourtant j'ai un père italien...), donc c'était difficile de parler de choses, que dans le fond je n'avais vécue.

C'est bon ! c'est chose faite ! Au Japon, avec mon grand nez et mes cheveux frisés, c'est clair, je ne suis pas japonaise ! On m'a même refoulé un coup parce que je n'étais pas nippone (je vous raconte après), donc quelque part, je suis un peu contente car enfin je sais ce que ça fait !

Je vous raconte. Comme je fais peu d'heures dans le bar où je travaille à Kyoto, je continue de chercher un autre job à mi-temps. Et pour plus de commodités, j'oriente mes recherches où j'habite, à Hikone. Je parcours les petites annonces, j'en trouve une qui semble correspondre, je pars donc avec mon C.V. sous le bras pour tenter ma chance.

Et là on me répond : "がいこく の かた だめ です"(les étrangers, c'est hors de question). Bam, prends-ça dans ta gueule, dis merci et rentre chez toi...

Bon ATTENTION !!! Ne crions pas tout de suite au racisme, en faisant nous même une conclusion raciste, du genre : "les japonais sont des racistes !" CE N'EST PAS CA !!!

Je m'explique.

1 - C'était un restaurant typiquement japonais, donc j'aurais clairement fait tâche dans le décor.

2 - En France, nous sommes habitués aux étrangers, nous savons donc que ce genre de phrases peuvent être blessantes, nous savons donc prendre des gants pour éviter ce genre de boulette.

3 - On ne peut en vouloir aux japonais d'employer avant tout des japonais. Déjà parce qu'ils utilisent un code de politesse qui est difficile à maîtrsier. Ensuite, parce qu'ils ont une manière de travailler qui leur est propre. Donc employer une étrangère, c'est se compliquer la vie, car il faut avant tout m'apprendre des bases que les autres connaissent naturellement.

Le bar dans lequel je travaille, c'est différent. Déjà parce qu'il s'agit d'un pub à l'occidental, donc je colle au décor. Ensuite, il est situé à Kyoto, ville beaucoup plus cosmopolite que le bled où j'habite. 

4 - En presque 6 mois, c'est l'unique fois que je ressens ne pas avoir le droit au même traitement que les autres.

4 - Enfin, personnellement si j'aime le Japon, c'est justement parce qu'ils ont su conserver une identité forte. Et si j'aime la France aujourd'hui, c'est justement pour le contraire, son mélange de cultures. Comme dirait Arnold et Willy : il faut de tout pour faire un monde.

En France, j'aime cette impression de bordel où tout se mélange. Pas forcément de manière toujours harmonieuse, ni simple, mais on essaye.

Sur un plan plus personnel, celui des sensations, bien-sûr que ça m'a foutu les boules (pardonnez-moi l'expression, mais je l'aime bien). Je n'ai absolument pas ressenti une quelconque honte à être française, ce n'est pas ça, mais plutôt une tristesse de ne pas pouvoir être en même temps japonaise. Comme une qualité ou une compétence qui me manquerait. Au final, on ne peut pas être universel. C'est ça qui me rend triste, en naissant quelque part, on est naturellement exclue de toute autre origine.

Voilà c'est con, c'est inévitable, mais pour moi se sentir étrangère, c'est prendre conscience qu'on ne peut avoir qu'une seule origine. Et comme je suis gourmande, j'aurais voulu en avoir plusieurs.

 

 

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Commentaires
M
Ah, même au Japon ! En même temps, ton mari de Kazuki nous avait déjà parlé de cet aspect. Il le revendique aussi le fait de ne recruter que des étrangers... Ta réflexion est toutefois intéressante et surtout, si je peux me permettre, ma belle, je trouve que ce papier laisse bien entrevoir ta personnalité généreuse et enthousiaste. Et c'est bien là, le plaisir de te lire. :-)<br /> Et patience, patience, ma belle ! D'ici peu, c'est certain, tu deviendras une vraie japonaise. En tout cas, t'es sacrément bien partie !<br /> Je t'embrasse fort.
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